O.Chambon (psychiatre), S. Schillinger (Ecrivain et conférencier)
► La spiritualité est une part essentielle de l’être humain, à côté de la part physique, émotionnelle et mentale, et elle doit être prise en compte dans toute prise en charge, médicale ou psychique ;
► Les bénéfices thérapeutiques des psychédéliques ont été prouvés scientifiquement pour de nombreuses affections physiques et psychiques (addictions, trouble post-traumatique dépressions résistantes, détresse existentielle en fin de vie, etc…). Leur sécurité d’utilisation dans un cadre médical a elle aussi été prouvée par de nombreuses études. Nous demandons que le pouvoir politique légifère afin que la population générale puisse dès maintenant, au plus vite, profiter de ces « super-médicaments » qui peuvent littéralement sauver des vies et/ou en améliorer grandement la qualité. Mais nous avons aussi pu observer l'incomplétude des approches thérapeutiques quand celles-ci se cantonnent au domaine physique ou psychologique et restent dénuées de considérations spirituelles.
► En effet, chez les sujets sains aussi, l’intérêt des psychédéliques est immense. Il concerne le développement spirituel. La recherche a démontré que les psychédéliques (enthéogènes) permettent l’accès à une spiritualité tout à fait réelle, aussi profonde et de même nature que celle des expériences mystiques spontanées ou liées à une pratique spirituelle sans prise de substances.
► La branche de la science la plus avancée actuellement est dite « post-matérialiste ». Elle montre que la Conscience est première dans l’Univers, et que la matière et l’énergie n’en sont que des dérivés secondaires ; les psychédéliques permettent une reconnexion à cette Conscience et à ses champs différenciés et constituent donc une composante essentielle pour une future « médecine de la conscience », proposant une redéfinition moderne de la « spiritualité ».
► Les grands mystiques à l’origine même des religions ont, pour la plupart, bénéficié de la consommation de plantes ou de champignons psychédéliques, qui ont joué un rôle essentiel dans les révélations qu’ils ont connues puis rapportées.
► Les cultes à mystères de l’antiquité grecque (surtout ceux d’Eleusis et de Dionysos) s’accompagnaient de la consommation de psychédéliques et ont influencés la pensée de nombreux tragédiens et philosophes grecques ou romains majeurs à l’origine de notre pensée occidentale, dont Platon, Socrate, Sophocle, Euripide, Aristote, Épicure, Plutarque , Marc-Aurèle et Cicéron.
► Les premiers chrétiens, dans les deux premiers siècles après Jésus-Christ (paléo-christianisme) consommaient aussi des psychédéliques lors de l’Eucharistie, dans la continuité des cultes à mystères grecques (surtout dans la lignée des cultes dionysiaques), et proposaient donc encore un rapport direct, non intermédié, avec le divin.
► Le droit fondamental d’explorer sa propre conscience devrait être inaliénable, quel que soit le moyen utilisé, dont la consommation des psychédéliques ; et ce, tant que l’on ne met la vie de personne en danger, ni la sienne ni celle des autres. Or, il bel et bien été démontré que les psychédéliques étaient bien moins nocifs que l’alcool, la cigarette, les benzodiazépines et plein d’autres produits légaux, tout en ayant de bien plus grands bénéfices, à la fois pour l’individu et pour la société.
► Le droit fondamental de pratiquer une religion devrait lui aussi être inaliénable, quel que soit le moyen utilisé pour le culte, dont la consommation des psychédéliques. Aux Etats-Unis, il existe d’ailleurs déjà des églises légales autour de la consommation rituelle de l’ayahuasca (Santo Daime), du peyote (Native American Church) et même (bien que ce ne soit pas à strictement parler un psychédélique) du cannabis.
► Vu l’état de souffrance actuel du monde (inégalités, prédation, concurrence-compétition, peur de l’autre, quadruple crise économique, politique, écologique, et sanitaire), et vu le besoin de sens et de spiritualité de nos contemporains, nous demandons l’autorisation de consommation des psychédéliques, pour les biens portant n’ayant pas de contre-indication médicale, dans au moins l’un de ces trois cadres spirituels : (1) des centres de retraite spirituelles, où des personnes seraient accompagnées individuellement dans un cadre rituel et sécurisé pendant leur expérience psychédélique , et pourraient revenir régulièrement, pour réaliser une authentique « trajectoire spirituelle assistée par psychédéliques » , chaque participant restant libre de l’interprétation de son expérience ; ou bien, (2), des lieux spéciaux d’ initiations psychédéliques, des « temples psychédéliques », dans lesquels des associations spirituelles non dogmatiques pratiqueraient collectivement ce que l’on pourrait nommer des « Cultes à Mystère Modernes » ; ou enfin (3) des néo-églises centrées autour de l’ « Eucharistie psychédélique » communautaire , sans doctrine prédéfinie ou contraignante, sans forcément de « hiérarchie », permettant ainsi un partage et un échange en groupe de l’expérience spirituelle.
► Ces droits que nous réclamons s’accompagnent bien sûr de devoirs, tant pour les accompagnants que pour les « accompagnés », tant pour les « mystagogues » que pour les « mystes » : comme pour le « code de la route, la consommation doit être précédée d’une sensibilisation aux risques des approches uniquement "récréatives", et d’une pédagogie approfondie et aussi complète que possible sur les "bonnes pratiques" à respecter
► Pour aller plus loin dans la réflexion à ce sujet, voici les liens de trois vidéos publiées sur YouTube, contenant un dialogue entre Stephan Schillinger et Olivier Chambon, développant un certain nombre d’arguments en faveur de l’utilisation spirituelle des psychédéliques :
https://www.youtube.com/watch?v=jLa81FW69x0&t=1s
https://www.youtube.com/watch?v=3giOegNb0e8&t=1s
https://www.youtube.com/watch?v=-nI2CthVEUM